L’éditorial de Gaëtan de Capèle : «Face à la concurrence destructrice de l’ogre chinois, l’Europe doit réagir d’urgence»

Gaëtan de Capèle.
Gaëtan de Capèle. Le Figaro

Automobile, sidérurgie, pharmacie… Aucun secteur n’étant désormais à l’abri, d’autres suivront sans une réaction.

Petit à petit, l’étau se resserre. L’ogre chinois, qui accaparera dans quelques années la moitié de la production industrielle mondiale, poursuit son entreprise de destruction. Avec la faillite de Brandt, laminé par cette irrésistible concurrence, le dernier site français d’électroménager ferme ses portes. C’est une catastrophe économique, un désastre social et un nouveau symbole de la révolution en cours après l’affaire Shein, synonyme de la liquidation du commerce. L’arrière-cour du miracle chinois est peu reluisante : des milliers d’ouvriers, souvent des femmes, fabriquent jour et nuit, dans des conditions indignes et pour des salaires de misère, les produits qui décimeront nos entreprises.

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Automobile, sidérurgie, pharmacie… Aucun secteur n’étant désormais à l’abri, d’autres suivront sans une réaction d’urgence. D’abord de l’Europe, qui a fait du consommateur l’alpha et l’oméga de sa politique économique, quel qu’en soit le prix. Lequel consommateur, soit dit en passant, se précipite sur les produits jetables, confectionnés dans des conditions indignes, tout en pleurant ses usines qui ferment et ses centres-villes sans magasins. « À quoi bon produire de l’acier de base ici si nous pouvons l’acheter trois fois moins cher en Indonésie ? Si l’industrie lourde européenne disparaît, qu’il en soit ainsi », a osé dire un jour un ponte de la Commission de Bruxelles.

En France, une révolution copernicienne est nécessaire pour qu’une stratégie de la production s’impose définitivement sur la politique de la consommation
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On nous assure que, face au carnage, ce cynisme et cette naïveté ne sont plus de mise. Que l’Europe va cesser d’être un marché ouvert à tous les vents. Que l’on va taxer les importations. Que des clauses de réciprocité - économiques, environnementales, sociales - seront exigées. Que toute notre réglementation va être revue pour rendre sa compétitivité à l’industrie. On doute que les « omnibus » bruxellois, créés à cet effet, impressionnent beaucoup Pékin.

En France aussi, une révolution copernicienne est nécessaire pour qu’une stratégie de la production s’impose définitivement sur la politique de la consommation. Pour que s’installe un soutien sans faille aux entreprises, un encouragement au travail, une prime au mérite, un éloge de la réussite. Le débat budgétaire, hostile à toutes ces valeurs, témoigne du chemin qui reste à parcourir.

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